Black Mirror – Un nouveau reflet du Point’n Click ?



C’était en 2003, que sortait sur PC un certain Black Mirror, développé par Future Games, un studio aujourd’hui fermé. A l’époque, le jeu avait su créer un certain engouement. Il faut dire que l’équipe avait créé pour l’occasion un tout nouveau moteur de jeu pour donner vie à son projet. Après deux suites tardives (2010-2011) développées par les allemands de Cranberry Production, voilà qu’un reboot de la série voit le jour en cette fin d’année, avec cette fois King Art Games aux commandes (et édité par THQ Nordic). Alors l’élève dépasse t-il le maitre ? C’est ce que nous allons voir ici.

Avant toute chose, il me semble utile de préciser que Black Mirror version 2017, n’a bien entendu aucun lien avec la fameuse série télé. Le jeu nous place ici dans les sombres histoires d’une famille écossaise, les Gordon. Nous incarnons en effet David Gordon, censé hériter d’un domaine immense, suite à la mort soudaine et mystérieuse de son père, John. Une fois arrivé au manoir, le héros comprendra très vite qu’il se trame quelque chose d’anormal, et que les résidents actuels du lieu semblent cacher quelque chose. La première chose qui frappe, et cela dès le lancement, c’est la technique du jeu, datée en tous points. Les animations sont en effet vieillottes, ne serait-ce que dans les animations des personnages. Ces derniers se déplacent de manière quelque peu robotique, et semblent pour la plupart atteint d’un certain « strabisme ». Il n’est en effet pas rare que lors des discussions, un personnage regarde dans une direction totalement opposée ou se retourne de manière étrange. Et c’est peut-être finalement ce qui sera le plus effrayant de toute notre aventure. Car si Black Mirror se veut orienter horreur, ne vous attendez pas pour autant à sursauter dans votre canapé. En effet, bien que le surnaturel soit ici très présent, notre attention se portera avant tout sur les errances de gameplay et la faiblesse technique du titre, qui viennent régulièrement plomber la progression. La maniabilité du jeu vient hélas encore un peu plus ternir le tableau. Il n’est en effet pas rare que le personnage se cogne dans un élément du décor ou qu’il parte d’un coup dans une direction opposée à celle que nous lui avions indiqué. Frustrant.

Pour parvenir à progresser il faudra de temps à autre résoudre des énigmes. Celles-ci, contrairement à certains jeux du genre, sont dans l’ensemble correctes, bien qu’elles ne soient pas forcément très originales. Certains puzzles feront appel au surnaturel, et à un système de vision particulier qui nous permettra d’assister à des événements du passé. Ceci dit, si ces phases sont dans l’ensemble intéressantes et bien réalisées, ce sont aussi les uniques moments du jeu ou le Game Over est possible, sans que l’on comprenne malheureusement trop pourquoi. Il conviendra en effet de s’approcher de spectres pour comprendre ce qui a bien pu se passer entre différents personnages. Seulement voilà, si les esprits vous repèrent, c’est alors la mort assurée pour ce pauvre David. Le problème, c’est que ces apparitions semblent vous détecter de manière un peu aléatoire. Le rythme du jeu s’en retrouve donc un peu cassé, et le Game Over semble être là uniquement pour faire acte de présence. Autre point qui vient briser le rythme : les chargements. Ceux-ci sont constants et assez longs (bien que plus rapides sur Xbox One X). Pour faire simple, vous devrez régulièrement passer d’une pièce à l’autre du manoir. Le problème c’est que derrière chaque porte se cache un chargement. Ainsi sur 10 minutes de temps de jeu, j’ai pu compter facilement 3 minutes d’attente ! Incompréhensible à l’heure actuelle. D’autant qu’ici les chargements ne sont que de simples écrans noirs avec une barre de pourcentage qui se remplie. Non, même pas de petits conseils ou d’artworks pour faire passer le temps ! C’est sans doute là, le plus gros défaut de ce Black Mirror.

Car pour le reste, l’histoire est agréable à suivre, et on a envie de faire la lumière sur cette affaire et sur les mystères qui entourent les Gordon et leur domaine. Quand bien même les personnages sont assez clichés (la vieille dame aigrie, le majordome bourru, une femme de ménage timide etc.) l’ambiance sombre à souhait et teintée de mystère parvient à tenir le joueur en haleine jusqu’à la fin, cela grâce à de multiples rebondissements. Une fin qui malheureusement se laissera approcher bien trop vite. Comptez en effet entre 4 et 5 heures de jeu seulement pour venir à bout de l’aventure, totalité des succès à débloquer compris ! Très maigre, surtout pour un jeu vendu 40 euros à sa sortie. Ainsi, si l’histoire démarre tranquillement, elle se terminera de manière un peu trop brusque, les événements se précipitant d’un seul coup sans crier gare. Durant une bonne partie de votre périple, vous serez accompagné par Leah, une assistante qui semble avoir connu votre défunt père. Si la demoiselle semble sortie d’on ne sait où, elle conseillera régulièrement David quand aux décisions à prendre. C’est également elle qui vous aidera à vous déplacer dans le manoir, en éclairant les pièces à l’aide d’une bougie. Hélas, il arrive de temps à autre que la demoiselle ne parvienne pas à vous suivre assez rapidement, vous laissant dans le noir complet. Quand elle ne décidera pas tout simplement de se balader à l’autre bout d’une salle. Néanmoins ce protagoniste apporte beaucoup au jeu, donnant le sentiment au joueur de ne pas être uniquement entouré de personnes aux comportements et aux intentions douteuses.

Si l’aspect graphique général est somme toute assez moyen, certains plans sont très soignés, avec de très jolis effets de lumière. Il est dommage en revanche que la framerate, surtout dans les environnements extérieurs, soit quelque peu instable. L’ambiance générale du titre, dans la droite lignée d’un H. P. Lovecraft  ou d’un Edgar Allan Poe, aura heureusement tendance à éclipser le problème. Outre les phases d’enquêtes et d’énigmes, on notera la présence régulière de QTE, qui, il faut bien l’avouer, n’apporte pas grand-chose au titre. Il vous suffira en effet d’appuyer, la plupart du temps sur le bouton A ou sur le bouton X de manière répétée, ou encore de rester dans un cercle avec votre joystick. Ces phases sont très simples, le jeu vous laissant énormément de temps pour exécuter correctement les tâches demandées. L’aspect Point’n Click d’antan, est lui aussi très simplifié. Nul besoin de chercher partout dans le décor un objet qui vous aidera dans votre progression. Ils sont en effet tous visibles d’assez loin et sont donc quasiment impossibles à louper. Bien de ces items ne sont que secondaires, à l’instar des morceaux de photos ou de certaines lettres, et ne sont là que pour approfondir un peu plus le background du jeu. Vous ne serez donc pour ainsi dire jamais bloqué dans votre progression. Ce manque de difficulté joue hélas pour beaucoup dans la faible durée de vie du jeu.

Les musiques et les voix sont de bonnes qualités, et contribuent un peu plus encore à l’immersion. Si on notera l’effort d’une traduction par le biais de sous titres français, on regrettera en revanche la qualité de ces sous titres. Si durant la première moitié du jeu il n’y a rien à redire, les choses se gâtent par la suite, de nombreux dialogues n’étant tout simplement pas traduits. Embêtant si vous n’êtes pas copain avec l’anglais, pire encore quand il s’agit d’erreur de traduction lorsque l’on doit répondre à certaines questions. La désagréable impression d’un jeu qu’on a du boucler rapidement se fait donc quelque peu sentir à ce niveau. Quelques bugs viendront peut-être également parsemer votre aventure. Rien de tragique à ce niveau, la plupart du temps ce ne sera guère qu’un personnage tourné dans le mauvais sens, ou quelques petits problèmes de caméra. En revanche j’ai été confronté une fois à une situation qui m’a obligé à recharger une précédente sauvegarde, suite à un dialogue qui n’aboutissait à rien. Fort heureusement, en plus de sauvegardes manuelles, le jeu enregistre régulièrement votre progression de manière automatique. Si le terrain de jeu semble immense à première vue, les allers-retours sont pourtant assez nombreux, et il ne sera pas rare de passer plusieurs fois dans une même pièce. La dernière partie du jeu viendra elle, totalement bouleverser ce schéma, pour offrir un environnement unique et ma foi assez bien pensé.


Si l’intention de moderniser le Point’n Click et de faire revivre la trilogie d’origine était louable, l’essai n’est malheureusement pas transformé pour les allemands de King Art Games. Fort d’une histoire intéressante, et d’une ambiance sombre et fantastique, Black Mirror souffre d’une réalisation datée et de problèmes techniques impardonnables en 2017.  Si les amateurs du genre devraient pouvoir y trouver leur compte, je ne saurai trop leur conseiller toutefois, d’acheter le jeu à petit prix, surtout au regard de la durée de vie du jeu, insuffisante.


Jeu testé par Ashen à partir d’une version review sur Xbox One X fourni par l’éditeur

 

Black Mirror

39,99€
5.2

Graphismes

5.0/10

Son

7.0/10

Gameplay

6.0/10

Durée de vie

4.0/10

Rapport qualité/prix

4.0/10

Interêt des succès

5.0/10

Pour

  • Une histoire qui se laisse suivre
  • Certains plans et effets de lumière réussis
  • Les scènes avec les visions

Contre

  • Gros retard technique et graphique
  • Le héros parfois délicat à contrôler
  • Le Game Over artificiel
  • Très faible durée de vie
  • Quelques soucis de caméra
   

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