TEST – Blasphemous – Quand Dark Souls rencontre Castlevania



TEST Blasphemous XWFR

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les metroidvania sont plutôt nombreux ces dernières années. Oscillant entre le très bon et le moyen, certains de ces titres ont divisés les joueurs, quand d’autres se sont tout simplement lassés de ce style de jeu. Pourtant, il y en a bien un qui voudrait mettre tout le monde d’accord. Son nom ? Blasphemous. Développé par les espagnols de The Game Kitchen (connu pour le très étrange Point & Click The Last Door) et édité par Team17, le jeu a fait sensation lors de son financement sur Kickstarter, dépassant même de très loin les objectifs fixés. Le résultat est-il à la hauteur de nos espérances ? Voici l’heure de la sentence !


Dans Blasphemous vous incarnez « Le Pénitent » (une personne qui doit confesser ses péchés, se repentir de ses mauvais agissements) à l’époque de l’inquisition espagnole. L’homme a fait vœu de silence comme l’atteste son casque pointu au visage figé. Et nous n’en savons pas beaucoup plus sur ce personnage, encore moins son nom. Toujours est-il que ce dernier se réveille mystérieusement au milieu d’un charnier, où d’autres comme lui semblent être passés de vie à trépas. Quoi qu’il en soit notre pénitent va vite devoir se battre contre une armée de monstres s’il veut survivre. Concernant le but exact de sa mission, je ne vous en dis pas plus histoire de ne pas vous spoiler. Sachez juste que tout cela est affaire de religion et que comme dans un Dark Souls, toutes les questions n’ont pas forcément de réponses.

Car oui, vous l’aurez sans doute remarqué, impossible de ne pas penser à Dark Souls lorsqu’on se penche un tantinet sur l’ambiance générale du jeu. Que ce soit dans le design de certains monstres ou encore dans les décors, Blasphemous s’inspire à n’en pas douter des jeux de From Software. Pourtant, la comparaison s’arrête là, car le titre des espagnols est avant tout une lettre d’amour aux jeux des années 1990. L’impression de se plonger dans un vieux Castlevania ou le moindre saut doit être calculé au pixel près (sous peine de mourir empalé dans des piques ou de tomber dans le vide) est en effet bien présente ! Il en va de même pour les combats avec les ennemis, puisqu’à quelques millimètres près, votre épée ne parviendra pas à les toucher. Un constat qui n’est en revanche pas valable dans l’autre sens, votre hitbox étant assez généreuse avec les adversaires ! Un point qui peut évidemment frustrer et donner envie aux moins patients d’entre nous de balancer la manette par la fenêtre !

Néanmoins, Blasphemous n’est jamais aussi punitif qu’un Dark Souls. Vous ne perdrez pour ainsi dire rien lorsque vous mourrez, si ce n’est une diminution légère de la taille de votre barre de ferveur (ou de mana si vous préférez) ainsi que de son contenue. Cependant, il est possible de récupérer la magie qui était en votre possession en allant chercher le petit fragment apparu à l’endroit de votre mort. En sachant que mourir de nouveau ne fera pas disparaitre le fragment, et en fera même apparaitre un nouveau à l’endroit de votre seconde mort. Quant à la taille de la barre de ferveur, quelques statues cachées sur la carte vous permettront de la récupérer entièrement via un petit don de larmes d’expiation (la « monnaie » du jeu). Là où le jeu sera en revanche un petit peu plus punitif, c’est lorsque vous serez dans l’obligation de retraverser des dizaines de salles parce que vous n’avez pas trouvé d’autel de sauvegarde en chemin (des salles de téléportation sont présentes mais elles sont rares). Avancer avec prudence et bien gérer ses potions de vie sera donc la condition sine qua non de la réussite !

Qui dit jeu au gameplay old school, signifie forcément pattern de boss à apprendre, et à ce niveau vous allez être servi ! Si les premiers boss sont extrêmement simples à tuer, certains comme Esdras vous obligeront à apprendre parfaitement les patterns si vous ne voulez pas mourir des dizaines de fois ! Et ce sera encore pire si vous décidez de vous attaquer aux succès du jeu, notamment avec celui qui vous demande de tuer tous les boss sans utiliser de potions ! Pour autant, sachez que même s’ils représentent un challenge, vaincre ces chefs ennemis est loin d’être insurmontable. La difficulté du jeu résidant davantage dans des passages de plateformes corsés, ou au détour d’un couloir rempli de monstres. En clair, l’improvisation n’existe pas dans Blasphemous.

Graphiquement le jeu impressionne, avec son pixel art qui fourmille de détail et la beauté de ses décors. De plus, l’univers du jeu est particulièrement riche, le studio ayant disséminé du lore et des secrets un peu partout. L’ambiance du jeu, sombre, atypique, intrigante, captive le joueur et lui donne envie d’en voir toujours plus, ne serait-ce que pour admirer les magnifiques panoramas que propose le titre.

Et ça tombe bien parce que la durée de vie du titre est assez conséquente. Comptez entre 15 et 20h pour ramasser l’intégralité des collectibles et des secrets, terminer toutes les quêtes secondaires, et voir les deux fins que comporte le jeu. Certains items vous seront d’ailleurs forts utiles, puisqu’il s’agit par exemple de reliques qui vous protégeront du poison, ou qui vous donneront la capacité de récupérer de la vie en cassant des objets dans le décor. D’autres vous serviront à modifier Mea Culpa (c’est le nom de votre épée), mais souvent en contrepartie d’un malus ! Quelques objets sont également vendus à prix d’or dans une boutique.

Votre personnage pourra aussi acquérir de nouvelles capacités pour son arme en dépensant des larmes d’expiation. Nouveaux combos, attaque en piqué, attaque à distance ou en glissant, il y en a pour un moment si vous souhaitez tout débloquer. Quelle que soit votre attaque favorite, le pénitent possède une excellente maniabilité, à mi-chemin entre le old school et le moderne. Exit les personnages lents comme à l’époque des premiers Castlevania, votre personnage se déplace rapidement, exécute de grands sauts, frappe rapidement, peut s’accrocher, et possède une contre-attaque très puissante. Une très bonne prise en main donc, que ce soit au stick ou avec le BMD. Mais Blasphemous nous rappelle aussi qu’il est un digne hériter d’une époque où la difficulté était reine. Comment en effet ne pas être frustré lorsqu’un boss vous clou au sol (jusqu’à ce que mort s’ensuive) parce que le personnage est trop lent à se relever ? Et comment ne pas s’agacer quand reprendre de la vie est compliqué à cause d’un ennemi qui ne vous lâche pas une seule seconde ?

Contrairement à la plupart des metroidvania, The Game Kitchen a su éviter certains poncifs du genre, ne serait-ce que dans la manière que l’on progresse. Pas besoin de chercher un éventuel double saut par exemple, celui-ci n’existe tout simplement pas ! Les capacités sont un peu plus originales dans le jeu, comme par exemple la toute première qui vous permettra… d’écouter les morts ! Pour le reste je ne vous en dis pas plus, mais sachez que vous pouvez très bien finir le jeu sans parvenir à les trouver, tant elles sont tout sauf indispensables pour terminer l’aventure. En effet, ces dernières vous serviront essentiellement pour atteindre les 100%. On en profitera au passage pour saluer l’excellent level design, qui continue encore d’impressionner, même après plusieurs allers retours dans un niveau.

Là où le titre des espagnols divisera sans doute les foules, c’est peut-être bien au niveau de sa bande-son. Si quelques compositions sont très jolies et restent en tête, il faut hélas admettre que les thèmes des niveaux sont assez courts, et bien souvent assez discrets. La musique passe en effet un peu au second plan tout au long du jeu. Et même si on sent bien que c’est une volonté des développeurs, on peut tout de même reprocher l’absence de véritables musiques marquantes, du genre de celles qui vous donnent envie d’écouter l’OST en boucle. Rien à redire par contre concernant les bruitages, qui plongent un peu plus le joueur dans cet univers à la fois fascinant et effrayant.


Blasphemous est sans conteste une réussite, si ce n’est l’un des meilleurs metroidvania de ces dernières années. Évitant certains poncifs du genre dans sa progression, il propose également un pixel art beau à se damner, une ambiance atypique et unique, ainsi qu’une galerie de monstres originaux et variés. En bref, le titre des espagnols impressionne. Malgré un petit côté punitif, l’envie de progresser reste présente, de même que la volonté d’atteindre les 100%. Avec quelques musiques un peu plus marquantes, Blasphemous aurait sans doute été en mesure de proposer une expérience encore plus proche de la perfection.


Jeu testé sur XBOX One X à partir d’un review code fourni par l’éditeur Team17

Blasphemous

24,99€
8.5

Graphismes

10.0/10

Son

7.0/10

Gameplay

9.0/10

Durée de vie

8.0/10

Rapport qualité/prix

8.0/10

Interêt des succès

9.0/10

Pour

  • Ambiance atypique et unique
  • Magnifique pixel art
  • Les cinématiques
  • Level design d’enfer
  • Le bestiaire
  • Des boss particulièrement classe
  • Bonne maniabilité
  • Des capacités originales
  • Menu en français et sous-titres de qualités
  • Une bande-son sympathique…

Contre

  • … mais les musiques deviennent vite répétitives
  • La hitbox un peu injuste
  • Trop peu de salles de téléportation
  • Quelques petits bugs
  • L’absence d’un marqueur pour la carte
  • Le gore peut déplaire
   

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