TEST – Call Of Cthulhu – Un bel hommage à Lovecraft ?



Créé en l’an 2000 à Nanterre par sept anciens employés d’Ubisoft, Cyanide studio s’est essentiellement fait connaitre avec sa série Pro Cycling Manager ou encore avec le très bon Styx : Master of Shadows. Désirant explorer d’autres univers, le studio s’attaque cette fois à une référence de la littérature américaine, à savoir « L’appel de Cthulhu ». Cette nouvelle, écrite par H.P.Lovecraft en 1926, a depuis fait le tour du monde et est encore aujourd’hui source de nombreuses inspirations. Ici, il n’est pas question de suivre à la lettre la nouvelle de l’écrivain. Le jeu garde en effet une partie de la véritable histoire, tout en introduisant des personnages et événements totalement différents de l’œuvre originale. Pour le meilleur, ou pour le pire ? Sans doute un peu des deux. Explications dans ce test.

Le héros, Edward Pierce, est un vétéran de guerre. Un tantinet alcoolique est reconverti comme détective privé, l’homme semble ne pas crouler sous le travail. C’est alors qu’un client fortuné arrive, lui confiant la délicate tâche d’enquêter sur la mort de sa fille ainsi que sur la disparition tragique de sa famille. Le héros finit par accepter et se rend donc sur l’étrange île de Darkwater pour mener l’enquête.

Dès le début, le jeu impressionne le joueur par son ambiance, sombre et glauque à souhait, à tel point que Lovecraft lui-même aurait pu succomber à son charme !  Du début à la fin, il est en effet impossible de se sentir en sécurité sur cette île, Cyanide studio emmenant le héros toujours plus près des portes des ténèbres et de la folie ! De plus, l’excellente écriture générale du titre renforce davantage l’immersion, avec des personnages souvent bien mystérieux et une narration de très bonne qualité. Ajoutons à cela une bande-son des plus sombres et angoissantes, et vous comprendrez donc que le studio réussi parfaitement à retranscrire l’ambiance fantastique (et horrifique) de la nouvelle.

Décrit comme un RPG à la sauce investigation par ses créateurs, Call Of Cthulhu propose effectivement quelques séances d’enquête à la Sherlock Holmes où il sera question d’interroger des habitants de Darkwater ou encore d’enquêter en observant des indices. J’insiste bien sur le terme observer puisque la plupart du temps, dans ces phases, le joueur n’a rien d’autre à faire que de cliquer sur des icônes en formes de loupes, le héros se chargeant de relier les indices entre eux. Si la vue spéciale (teintée de bleu, dans un ton un peu surnaturel) et l’ambiance lors de ces enquêtes sont là encore très réussies, on ne peut s’empêcher de trouver ces séquences un peu trop dirigistes.

Néanmoins le jeu fait la part belle à l’exploration et un grand nombre d’objets plus ou moins cachés sont à trouver. Explorer de fond en comble certains lieux donnera même de nouveaux choix de dialogues avec quelques protagonistes. Parfois, certains mécanismes ou discussions ne seront pas accessibles si votre personnage n’a pas assez de force ou s’il n’a pas assez d’éloquence. Ces capacités s’améliorent via un arbre de talent. Une partie de cet arbre (notamment tout ce qui touche à l’occultisme) ne pourra en revanche pas être amélioré avec les classiques points de compétences, mais uniquement à force de lire par exemple des livres occultes. Mais attention à bien réfléchir avant de poser vos mains sur un bouquin ou une peinture, car votre destin pourrait en être grandement perturbé ! Disposant de quatre fins différentes, Call of Cthulhu possède une assez bonne rejouabilité, d’autant qu’il est possible d’influencer la vie ou la mort de quelques personnages. Petite déception en revanche sur ces fins, mal amenées et qui arrivent trop rapidement.

Le début du jeu se révèle plus astucieux que sa seconde partie, donnant au joueur la possibilité d’aborder un problème de différentes manières. Ce mécanisme faiblit malheureusement au fil de l’aventure, avec des chapitres  laissant de moins en moins de choix d’actions au détective. De même, les points de compétences à répartir n’ont finalement pas un grand impact sur le déroulement du jeu, ces derniers influencent en effet essentiellement le déroulement des conversations. Pour la petite histoire, manquer de force par exemple ne m’a gêné qu’au tout début de l’aventure, et encore pour une salle cachée non obligatoire pour l’histoire principale. Une jauge de folie est visible dans le menu, mais là encore celle-ci est anecdotique, puisque la plupart des évènements terrifiants font partie de la trame principale, et sont par conséquent impossible à éviter.

Si quelques phases de pur FPS sont présentes vers la fin du jeu, celles-ci ne sont pas particulièrement réussies, si ce n’est totalement dispensable. Le titre s’en sort bien mieux lors des passages d’infiltrations, à la fois stressants et prenants ! Dommage cependant que l’IA des ennemis soit un peu bancale, ces derniers vous repérant parfois on ne sait trop comment derrière un mur ou une porte. Notre héros à la possibilité de se cacher dans des armoires ou dans des conduits d’aération mais… pas trop longtemps car celui-ci semble souffrir de claustrophobie ! En effet au bout de quelques secondes dans un lieu fermé celui-ci se met à paniquer. Un mécanisme très crédible lorsque vous êtes recherché par un ennemi ou une créature à proximité, un peu moins quand il n’y a personne à moins de plusieurs dizaines de mètres !

On l’a vu, l’atmosphère générale du titre frôle la perfection. En revanche, c’est loin d’être le cas pour la technique, assez vieillotte, que ce soit dans la modélisation des personnages, ou les animations d’une autre époque. Des problèmes qui ont malheureusement un lourd impact sur le jeu, y compris sur son ambiance, notamment lorsque certaines animations ratées donnent envie de rire lors de scènes qui se veulent dramatiques ! Certes, nous sommes ici sur un jeu AA et non un triple A, mais tout de même, la finition générale du titre laisse quelque peu à désirer, surtout que le jeu est pour ainsi dire vendu à la sortie au prix d’un gros blockbuster. Pour autant, Call of Cthulhu n’est pas moche à proprement parler, certains décors sont même particulièrement inspirés, à l’instar de quelques panoramas et du grand manoir de l’île.


Dire que les français de chez Cyanide studio ont loupé le coche avec leur dernier né serait une erreur. Avec son écriture impeccable, une très bonne bande-son, ainsi qu’une ambiance sombre et profondément immersive, Call of Cthulhu vaut clairement le détour. Du moins pour qui préfère la narration au détriment de l’interaction. Car l’aventure, en plus d’être techniquement datée, se veut en effet un peu dirigiste, comme en atteste sa seconde partie, assez couloir, et précipitée. L’impression de passer à côté de ce qui aurait pu être un grand jeu est donc forte, les bonnes idées côtoyant les mauvaises. Avec davantage de temps de finitions, Call of Cthulhu aurait vraiment pu devenir une référence en son genre. La prochaine fois peut-être ?


Jeu testé sur XBOX One X à partir d’un review code fourni par l’éditeur Focus Home Interactive

Call Of Cthulhu

54,99€
7.3

Graphismes

6.5/10

Son

9.0/10

Gameplay

7.0/10

Durée de vie

7.0/10

Rapport qualité/prix

6.0/10

Interêt des succès

8.0/10

Pour

  • La direction artistique très réussie
  • Une ambiance digne des œuvres de Lovecraft
  • Très bonne écriture générale
  • Excellente bande-son
  • Durée de vie honnête avec de la rejouabilité (4 fins)
  • Une première partie d’aventure très convaincante…

Contre

  • …Contrairement à la seconde, très couloir
  • Techniquement en retard sur son époque
  • Les phases de FPS n’apportent rien
  • Des fins mal amenées et trop rapides
  • Un peu trop dirigiste
  • Une jauge de folie qui a peu d’utilité
  • Le héros un peu trop claustrophobe sur les bords
   

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