TEST – Rad Rodgers – Retour gagnant pour la plateforme des 90’s ?



TEST Rad Rodgers -XWFR

Financé via Kickstarter en Septembre 2016, Rad Rodgers est un jeu d’action/plateforme développé par les danois de chez Slipgate Studios, soutenu par 3D Realms, et distribué par THQ Nordic. Avec plus de 30000$ supplémentaires collectés par rapport à la somme de base demandée, on peut dire que Rad Rodgers a su motiver les foules. Sur le papier, il est vrai que les promesses sont alléchantes ! Vous avez aimé des jeux comme Ruff ‘n’ Tumble ou Commander Keen dans les années 90 ? Alors ce Rad Rodgers est fait pour vous. Voilà ce que nous vante le studio aux commandes. Mais ces promesses sont-elles vraiment tenues, manette en main ?

Tout d’abord, précisons que si vous vous attendiez à un jeu entier, vous risquez d’être déçu. Pour le moment un seul monde est disponible, celui de la jungle. Pour le reste, il faudra donc repasser à la caisse. Si cela devient un peu une mode dans le jeu vidéo d’aujourd’hui, il faut reconnaitre que le sentiment de payer pour un produit non terminé, peut devenir à la longue agaçant. Passé cette désillusion, intéressons-nous un peu à l’histoire que nous narre le titre. Le héros, un petit blondinet, répondant au nom de Rad, est réveillé en pleine nuit par son téléviseur et sa console de jeu qui l’aspire dans son jeu favori. Sans davantage d’explications, notre héros devra arriver au bout du jeu, aidé par Dusty, sa console de jeu, devenue vivante, et qui restera accrochée dans son dos, un peu comme dans Banjo Kazooie. Lorsque vous débutez une nouvelle partie, le jeu vous laisse le choix entre le mode enfant ou le mode adulte ! C’est-à-dire que soit le jeu comportera des insultes et des grossièretés (un peu comme dans Conker’s Bad Fur Day), soit il conviendra à un public plus jeune. Voilà donc une initiative que l’on peut applaudir tant elle est rare ! Trois modes de difficultés vous sont proposés : facile, normal et difficile. En facile les vies sont illimitées, en revanche ce n’est pas le cas dans les deux autres modes. Évidemment en difficile les ennemis vous infligent plus de dégâts et sont plus résistants. Si vous êtes novice dans ce type de jeu je vous conseille de faire vos preuves sur le mode facile, car, même si le jeu n’est pas extrêmement dur, certains passages de plateformes sont tout de même assez délicats à maitriser. À l’instar des sections avec des statues qui tirent des rayons lasers rouges qui sont capables de vous tuer en un coup !

N’espérez pas voir du paysage durant toute cette première partie de Rad Rodgers. La grosse dizaine de niveaux se ressemblent énormément et toute l’action se déroulera uniquement dans une jungle (avec quelques grottes tout de même). De plus, il n’y a que deux ou trois types d’ennemis durant toute l’aventure ! Il y a bien quelques gros balèzes de temps en temps, mais ils sont là aussi assez similaires, hormis la couleur de peau. De plus ils ne sont pas très futés, puisque la plupart du temps, ils ne se défendront pas si vous les tuez à bonne distance ! Le bestiaire est donc assez pauvre, et ce n’est pas les quelques villageois que vous pourrez croiser en chemin qui viendront apporter un peu de diversité. En effet de temps à autre vous pouvez rentrer dans des huttes et croiser des petits monstres qui vous donneront des joyaux à collecter, des armes ou encore des cœurs de vie. Si ces derniers semblent tous clonés tant ils sont similaires, il faut bien admettre que ces bonus seront forts utiles à votre progression. De plus, même s’il est assez redondant, l’humour est omniprésent dans le jeu, et ces êtres n’en manquent d’ailleurs pas du tout ! Votre compagnon de route (la console) n’est pas en reste et n’hésitera pas à vous taquiner lorsque vous subirez des dégâts ! Si les menus du jeu sont en français, de même que les dialogues des personnages que vous rencontrez, certaines phrases, notamment prononcées par la console, resteront elles en anglais non sous-titré. Ceci dit, ce n’est pas de l’anglais très compliqué, donc cela ne nuit aucunement à la progression ou à la compréhension de l’histoire.

La maniabilité du jeu est plutôt bonne et vos personnages répondent aux doigts et à l’œil. Evidemment, certains pourront trouver Rad un peu lourd, notamment dans ses sauts, mais cette particularité fait bien partie du carnet des charges si l’on veut programmer un jeu comme dans les années 90 !  Votre compagnon vous prêtera main forte, lorsqu’il s’agira de vous accrocher à des lianes, à des tuyaux ou encore pour exécuter de grosses attaques au sol sur les ennemis. Et si Dusty est plutôt efficace dans ces cas précis, il l’est beaucoup moins lors des phases de jeu où vous le contrôlez ! De temps à autre, vous serez face à du décor manquant (« ces feignants de développeurs ont oublié de coder » comme le dit la console !) qu’il vous faudra combler en envoyant Dusty dans le monde des pixels. Si au départ, l’idée est amusante, ce procédé revient un peu trop souvent dans chaque niveau, et en se complexifiant par-dessus le marché.  Dans cette dimension, des ennemis orange tout en pixels apparaissent à l’infini, pendant que vous devez esquiver des boules rouges de pixels tout aussi dangereuses et résoudre des puzzles. Des puzzles qui sont le plus souvent limités dans le temps pour ne rien arranger. Ces zones, en plus d’être agaçantes, sont à la longue dénuées d’intérêts et viennent couper l’action, ce qui est fort regrettable. D’une manière générale, le jeu semble d’ailleurs danser sur plusieurs pieds, en introduisant des phases difficiles au style rétro, qui côtoient des passages plus faciles que l’on pourrait trouver plus « casual ». La construction des stages s’en ressent, et Rad Rodgers donne l’impression d’essayer de plaire à tout le monde sans forcément y parvenir. Pour terminer un stage, il vous faut à chaque fois récolter quatre morceaux d’une amulette. Là encore, peut-être qu’un peu plus de variété à ce sujet aurait été appréciable.

Mais si Rad Rodgers a des défauts, il a aussi bien des qualités. Le jeu est fluide, l’action et l’humour sont omniprésents et l’ambiance générale du titre est plutôt réussie. Les graphismes, en 2.5D ressemblent à s’y méprendre à ceux de « Giana Sisters : Twisted Dreams » et donnent au jeu un côté cartoon agréable. Le level design est assurément rétro, de même que l’ambiance sonore, qui vous replongera sans problème dans les années 90. La bande son, teintée de rock et de petits bruitages rétro est assurément un gros point fort du jeu. L’arsenal mis à votre disposition est assez efficace. Certes, on aurait aimé davantage de types de munitions disponibles, mais le flingue de base et son design assez classe, se suffit pour ainsi dire à lui-même pour boucler le jeu. Les ennemis ne sont en effet pas particulièrement intelligents (surtout les gros) et ce ne sont clairement pas eux, hormis peut-être les mini boss, qui viendront mettre un frein à votre progression. Le jeu n’est pas aussi difficile qu’un Turrican de l’époque par exemple, loin de là ! Au cours de l’aventure, il ne sera pas rare de tomber sur des zones secrètes, renfermant des diamants à collecter (pour les habituels 100% des niveaux) et même des chapeaux, donnant à votre héros un style inimitable. Au fur et à mesure de votre avancée vous débloquerez également des artworks et autres dessins. Si vous voulez tout débloquer et tout collecter, Rad Rodgers risque donc bien de vous tenir en haleine un bon petit nombre d’heures ! Durant votre partie vous pourrez via le menu pause, accéder à un mode photo très bien pensé pour qui veut immortalisez ses exploits et ses sessions de jeu. Ce sera au passage une occasion pour remarquer les détails qui fourmillent un peu partout, comme ces arbres qui font la grimace dans le fond du décor !

Malgré la dernière mise à jour, quelques bugs sont encore présents dans le jeu. Il m’est arrivé de devoir recommencer un niveau parce qu’un mini boss au boomerang (un ajout de la version console) s’était coincé dans le décor, m’empêchant de lui faire le moindre dégât. Parfois aussi une grande texture noire est apparue sur l’écran, rendant la progression quasi impossible. En sachant que même mourir ne remettait pas le jeu en bon état. Frustrant. On peut également déplorer le manque de slot de sauvegarde. Car si vous souhaitez par exemple terminer le jeu en difficile après l’avoir fini en normal, il faudra effacer votre partie, ce qui en 2018 est assez incompréhensible. Surtout que même certains jeux des années 90 proposaient plusieurs emplacements de sauvegardes ! Par rapport à la version PC, cinq niveaux supplémentaires vous sont offerts. Trois d’entre eux sont en quelque sorte des stages bonus où le héros, monté sur un bâton sauteur, devra ramasser des diamants tout en fuyant le plus vite possible vers le haut du level avant que l’eau ne le rattrape. Pas forcément si simple si vous souhaitez ramasser l’intégralité des bonus, d’autant que le niveau de l’eau monte très vite. Si cet ajout fait toujours plaisir, ces intermèdes sont aussi l’occasion de remarquer que la hitbox du jeu est perfectible. En effet si l’eau se trouve à quelques centimètres de vous, il peut arriver que le jeu vous signale un game over totalement injustifié. Problème que l’on peut aussi constater dans l’aventure principale, notamment avec les statues qui tirent des rayons lasers. Il m’est arrivé plusieurs fois d’être touché par ces rayons alors même que j’étais à plusieurs centimètres de la zone d’impact ! Embêtant quand certains de ces lasers sont capables de vous tuer en un seul tir ! Les deux autres niveaux bonus sont des niveaux de l’histoire principale, un peu plus délicat à terminer.


Si les amateurs d’action/plateforme passeront tout de même un bon petit moment sur ce Rad Rodgers, il ne restera pas forcément dans leur mémoire. Car si l’idée de rendre hommage aux jeux d’actions des années 90 était alléchante, force est de constater que Rad Rodgers ne remplit pas tout à fait sa mission. Le jeu semble danser sur plusieurs pieds et ne parvient jamais vraiment à contenter ni un public rétro, ni une audience plus habituée à des titres modernes. Le découpage en plusieurs épisodes n’arrange rien, et sans doute aurait-il été plus judicieux de proposer des environnements plus variés, quitte à ne pouvoir parcourir qu’une seule carte, plus vaste, mais aussi davantage surprenante dans la construction de ses niveaux. Il est aussi urgent de patcher certains bugs qui empêchent le joueur de profiter pleinement du potentiel que le titre peut offrir, sous peine de refroidir le public pour un éventuel épisode deux.


Test réalisé par Ashen à partir d’un review code Xbox One fourni par l’éditeur

 

Rad Rodgers

19,99€
7.3

Graphismes

7.0/10

Son

8.0/10

Gameplay

8.0/10

Durée de vie

7.0/10

Rapport qualité/prix

7.0/10

Interêt des succès

7.0/10

Pour

  • La volonté de rendre hommage aux jeux des années 90
  • Un humour qui ne laisse pas indifférent
  • Les décors qui fourmillent de petits détails
  • Une bande son au top
  • Un arsenal plutôt conséquent

Contre

  • Des bugs qui empêchent la progression
  • Les ennemis, pas particulièrement intelligents
  • Les phases dans le Pixelverse, trop redondantes
  • Un manque de variété dans les décors
  • Des soucis avec la hitbox
  • Un certain manque d’identité
   

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