TEST – Sherlock Holmes : The Awakened – Un sublime remake sorti des abîmes

Un an et demi après Sherlock Holmes : Chapter One, Frogwares remet le couvert avec un nouvel épisode de sa série fétiche. Si le dernier opus était plutôt bon, introduisant pour la première fois des enquêtes dans un monde ouvert, le jeu s’est aussi fait remarquer par l’absence de Watson. Précision importante, Sherlock Holmes : The Awakened n’est pas vraiment un nouveau jeu. En effet il s’agit ici du remake d’un titre sorti en 2006 qui se nommait alors Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés. Les Ukrainiens de chez Frogwares avait pour rappel lancé une campagne Kickstarter afin de financer ce projet. Mais voyons tout de suite si cette nouvelle aventure développée sous les bombes a de l’intérêt, que ce soit pour ceux qui ont déjà fait le jeu d’origine ou les nouveaux venus.

L’action se déroule en 1882. Alors que le jeune Sherlock Holmes s’ennui, son ami le docteur Watson lui propose de résoudre la mystérieuse disparition d’un homme. Rapidement, le détective se rend compte que d’autres disparitions ont eu lieu et l’affaire prend un tournant inattendu. En effet le joueur va croiser la route du célèbre mythe de Cthulhu, bien connu des amateurs de Lovecraft. Afin de ne pas vous spoiler, nous n’en dirons cependant pas plus sur le scénario. L’homme aura donc fort à faire pour ne pas sombrer dans la folie et pour parvenir à faire la lumière sur toute cette histoire.
Si vous avez connu le jeu original sorti en 2006, sachez que nous avons ici affaire à un remake en profondeur et que les deux jeux n’ont plus grand-chose en commun. Le scénario est bien plus développé (comptant d’ailleurs 8 chapitres au lieu de 4) de nouvelles quêtes secondaires sont de la partie, et le remake est entièrement refait sur Unreal Engine, avec des graphismes et animations reconstruites de zéro. Les solutions des énigmes sont aussi totalement différentes, même si quelques indices et lieux explorés sont eux hérités du jeu d’origine mais modernisés.

Un dépoussiérage est également fait sur les mécaniques du jeu et le gameplay. On retrouve en effet une manière de jouer similaire aux opus récents, avec une caméra à l’épaule qui remplace la vue subjective pour les phases d’enquêtes et de dialogues. En appuyant sur LB vous pouvez voir les points possibles d’interactions durant un laps de temps. Mais vous pouvez aussi appuyer sur RB pour enclencher votre super vue de détective, qui vous permettra de reconstituer des scènes d’enquêtes, donnant la possibilité au détective de remettre les évènements dans l’ordre d’un simple claquement de doigts. Au fur et à mesure de vos découvertes, vous pourrez épingler des preuves sur votre écran, afin de pouvoir interroger n’importe quel quidam sur le sujet désiré. Une mécanique pas simple à utiliser en début d’aventure, car les indices et les interrogations s’accumulent, et on ne sait pas toujours quoi présenter ni à qui le faire. Outre la classique observation en détail de certains de nos interlocuteurs, on retrouve l’habituel palais mental, ou le joueur peut relier des indices entre eux pour faire des déductions indispensables à la suite de l’aventure. À condition d’avoir suffisamment d’indices, preuves et témoignages bien entendu. Et c’est d’ailleurs une mécanique qui peut entrainer une certaine frustration. Car vous pouvez déambuler un certain temps à la recherche d’un petit point d’interaction loupé, parfois bien caché, vous empêchant ainsi de résoudre l’affaire en cours. Cependant à force de progresser on prend le coup de main et très vite plus rien ne nous échappe.

De temps en temps le joueur se mettra dans la peau de ce cher docteur Watson, afin d’aider son compère Sherlock à progresser ou à se sortir d’un mauvais pas. Si dans l’ensemble les deux amis se jouent de la même manière, la possibilité d’incarner un second personnage est appréciable. On apprécie également les quelques quêtes secondaires assez variées qui viennent apporter un peu de diversité à l’ensemble. Si les graphismes et la technique donnent tout de même l’impression d’être un peu dépassés, avec des textures pas toujours très jolies ou encore des animations faciales un peu datées, le jeu parvient tout de même à nous charmer. En effet certains lieux comme la Nouvelle-Orléans sont vraiment réussis et même plutôt jolis. De plus l’ambiance générale se révèle particulièrement prenante, notamment lors de ces passages où le joueur plonge de pleins pieds dans les mythes Lovecraftiens. Et comme d’habitude avec Frogwares, la bande-son est une réussite, avec des thèmes parfois oppressants et qui s’inscrivent parfaitement dans l’ambiance des lieux, immergeant encore un peu plus le joueur dans cette enquête hors du commun. Mention spéciale au doublage qui est encore une fois tout bonnement excellent, et entièrement sous-titré en français.

Mais tout comme son prédécesseur, Sherlock Holmes : The Awakened souffre de quelques défauts. Ainsi le joueur trouve encore trop souvent porte close, avec peu de bâtisses ouvertes à l’exploration. Ensuite si la palette de possibilités lors de nos enquêtes est plus qu’honnête, on fait vite le tour de ces mécaniques et le processus finit inlassablement par devenir un tantinet rébarbatif. Les menus manquent un peu d’ergonomie et on aurait aimé pouvoir par exemple accéder à la carte sur la simple pression d’une touche plutôt que d’aller systématiquement la chercher dans les menus. Les premiers pas dans la peau du détective sont d’ailleurs assez difficiles car on ne comprend pas toujours bien quoi faire des indices et preuves que l’on peut épingler. Je vous conseille donc d’aller dans le menu pause et d’accéder à l’onglet « Comment jouer » histoire que les différentes mécaniques et icones deviennent un peu plus clairs pour vous. Enfin nous avons eu affaire à quelques bugs, notamment lorsque nous avons pu accéder à des lieux où le détective n’est pas censé se rendre, parvenant à marcher au-dessus d’une table ou encore à accéder à des plateformes sur l’eau sans possibilité de revenir en sens inverse.

Sherlock Holmes : The Awakened est un très bon dépoussiérage de l’épisode La Nuit des Sacrifiés sorti en 2006. N’ayant plus rien à voir avec le jeu d’origine, ce remake reconstruit l’ensemble de zéro sous Unreal Engine. Le jeu propose de plus une ambiance sombre et mystérieuse particulièrement prenante, une durée de vie plus que correcte, une excellente bande-son et des énigmes intéressantes. Si quelques décors sont vraiment réussis et plutôt jolis, la technique est hélas un peu datée, à l’instar des animations faciales assez vieillottes. Mais comme on dit, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! Car au final cette « nouvelle » aventure parvient à nous faire tourner la tête, mélangeant avec brio l’univers de Conan Doyle avec celui de Lovecraft. À vos loupes !

Test réalisé sur XBOX Series à partir d’un review code fourni par le développeur Frogwares

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