TEST – Scorn – Une expérience mémorable dans l’univers de H.R. Giger



Test Scorn XWFR

Huit ans. C’est le temps que l’on a attendu pour enfin mettre les mains sur Scorn, qui débarque en ce 14 Octobre 2022 directement dans le Xbox Game Pass. Projet lancé grâce à un Kickstarter qui a tout de même récolté plus de 190 000 euros, Scorn est aussi le premier jeu du studio Ebb Software, basé à Belgrade. Inspiré par Hans Ruedi Giger (bien connu pour ses travaux dans la série Alien) le jeu nous promet de l’exploration dans des lieux lugubres, où le sang et l’horreur seront vos plus fidèles compagnons. Mais qu’est vraiment Scorn ? Un FPS ? Un Puzzle-Game ? Eh bien c’est ce que nous allons voir ensemble !

 

Dans Scorn on incarne une créature humanoïde étrange qui se fait parachuter dans un monde terrifiant on ne sait trop où et qui va devoir progresser dans un labyrinthe de couloirs sombres afin de sortir de cet enfer. Du moins c’est ce que l’on devine, car si le jeu possède bien une histoire, il est aussi avare dans son récit puisque Scorn ne possède pas une seule ligne de dialogue ! Il faudra donc progresser et terminer le jeu pour en apprendre plus. Et encore même là toutes les réponses ne sont pas données. C’est aussi au joueur de faire sa propre interprétation de l’histoire. Un premier point qui freinera sans doute les joueurs habitués à certaines productions actuelles particulièrement bavardes. Néanmoins, le fait de se poser autant de questions, et de découvrir un univers dans lequel on ne sait rien est particulièrement prenant. De même, ne comptez pas sur des marqueurs de quêtes, des murs peints d’une couleur ou que sais-je encore pour vous orienter ! Car Scorn ne prend jamais le joueur par la main, et c’est à nous, d’explorer, de tâtonner, d’essayer des choses, comme ces mécanismes étranges que l’on trouve un peu partout. Car oui, le jeu est en réalité un puzzle-game géant, où la compréhension des machines qui vous entourent sera votre unique porte de sortie. Si vous êtes amateur d’action à la Doom, Scorn n’est donc sans doute pas fait pour vous.

 

 

Et les puzzles parlons en justement. Ces derniers sont finalement assez classiques pour le genre (remettre des rails en place, amener un objet à un endroit en déplaçant ce qui gêne en chemin, relier des circuits…) mais certains sont tout de même assez originaux et bien pensés. Dommage cependant que l’on ne puisse pas remettre à zéro les puzzles et que quelques casse-têtes soient assez similaires. De plus, il faut vraiment aimer le genre puzzle-game car c’est bien simple : il y en a un peu partout dans les couloirs et pièces que l’on traverse ! Et comme on ne sait pas quel chemin prendre, on peut errer de longues minutes (heures ?) en essayant de comprendre ce qu’il faut faire et où aller. Même chose pour le fonctionnement des machines, il faut tester, apprendre…

 

 

Si cela est très déroutant en début de partie, voir même frustrant, l’envie d’explorer et d’en apprendre plus sur le monde qui nous entoure est forte, donnant envie au joueur de persévérer. De ce fait, Scorn apparaitra à certains comme un jeu mou, où il ne se passe rien. Une impression renforcée par les possibles allers-retours pour comprendre quoi faire, les décors un peu « figés » ou encore cette absence de dialogues. Un jeu qui va donc à l’encontre de la plupart des super productions actuelles, et qui a quelque part, le mérite de prendre des risques.

 

 

Risqué aussi et sa direction artistique, lorgnant entre l’univers de H.R Giger et celui du peintre Polonais Zdzisław Beksiński. Car Scorn est un jeu sombre, sanglant, gore même, où l’espoir semble mort et enterré depuis longtemps sous ces machineries parfois rouillées et sous des piles de cadavres impossible à identifier. Clairement, il faut aimer le genre sous peine de régurgiter son repas du soir, du moins pour les plus valeureux qui voudraient tenter l’expérience dans le noir. Car outre ses visuels somptueux, donnant l’impression d’évoluer dans des peintures, le jeu possède une ambiance sonore exceptionnelle, qui prends évidemment davantage de saveur au casque. Bruits de machines, râle de monstres, cris lointains, musiques oppressantes qui surviennent sans prévenir, Scorn nous fait nous sentir tout petit et terriblement seul dans ces lieus cauchemardesques dont on ne sait rien. On s’attends donc à croiser des abominations agressives à longueur de temps mais… pas tant que ça en fait ! Car si les combats sont bien présents dans Scorn, il ne représente finalement qu’une faible portion de notre périple. Un voyage d’ailleurs très court, puisqu’il vous faudra environ 6 heures pour atteindre les crédits. Un temps qui peut varier d’une personne à l’autre, selon notamment votre habileté dans les puzzles, votre capacité à vous orienter et à vous battre.

 

 

Et c’est peut-être là d’ailleurs le point le plus discutable. Scorn avait-il besoin de ces phases de combats ? Là encore on sera divisé sur le sujet. Loin d’être ratés, les combats ne sont pas non plus des plus passionnants. En revanche ils demandent une certaine dextérité, car les armes ne sont pas très puissantes. De plus elles sont longues à recharger. On fuit et on tourne donc autour des ennemis, dans le but de recharger nos armes, évitant tant bien que mal les coups au passage. Et non, pas de gatling, de lance-roquettes ou d’armes de ce genre ! Cependant notre arme (qui sert aussi de clé) évoluera en cours de route, pouvant par exemple se transformer en un genre de fusil à pompe. Attention néanmoins car les munitions sont assez limitées !

 

 

Alors oui cela apporte un peu d’action à l’ensemble. Mais en l’état ils donnent l’impression d’être présent pour attirer un public davantage amateur de FPS gore à la Doom, alors que ces derniers risquent justement de ne pas apprécier le côté puzzle qui domine l’aventure. D’autant que notre « héros » est assez fragile, et meurt après seulement quelques coups en combats (même s’il est possible de se soigner). Et puis la mort est assez frustrante dans Scorn, puisque l’on doit parfois refaire de longues minutes de jeu pour revenir à l’endroit de notre décès. Quitte à faire un jeu « lent » et orienté réflexion, n’était-il pas plus pertinent d’aller au bout du concept et de l’assumer pleinement ? Là encore les avis divergeront.

 


Scorn est sans conteste un ovni qui divisera les joueurs. Plus proche d’un Myst version Alien que d’un survival horror, mélange entre le puzzle-game, le jeu d’horreur et le FPS, le jeu d’Ebb Software ne plaira clairement pas à tout le monde. Si vous appréciez les créations de H.R Giger et de Zdzisław Beksiński, si vous aimez les puzzles à gogo et l’exploration sans la moindre boussole, alors Scorn vous séduira. Si en revanche vous êtes un amateur d’action pur et dur, et que les jeux « lents » vous ennuient, de même que réfléchir, alors la proposition risque fort de vous déplaire. Quoi qu’il en soit, Scorn est clairement une expérience mémorable hors-norme, hors du temps, loin, bien loin de ces jeux narratifs avec des marqueurs de quêtes dans tous les sens, des personnages qui vous répètent sans cesse où aller et des quêtes FedEx à n’en plus finir. En somme, Scorn prend des risques et va à contre-courant de ce à quoi l’industrie nous a habitué ces dernières années. Et peut-on vraiment lui reprocher cela ?


Test réalisé sur XBOX Series X à partir d’une version digitale provenant du XBOX Game Pass

Pour

  • Des graphismes somptueux et une ambiance pesante réussie
  • La bande-son qui frôle la perfection
  • Techniquement bluffant
  • Les univers de Giger et de Beksiński dans un jeu vidéo !
  • Une expérience vraiment unique en son genre
    – L’envie d’en savoir plus, d’explorer, de comprendre ce monde
  • Un personnage maniable que l’on prend vite en main
  • L’arme qui évolue et se transforme en cours de route…
  • Le système de sauvegarde pour reprendre pile là où on s’arrête…

Contre

  • … mais qui est vraiment trop lente à recharger
  • … mais des points de contrôles parfois trop éloignés lorsque l’on meurt
  • Un peu de redondance dans les puzzles
  • Impossible de réinitialiser les casse-têtes
  • Des combats qui ont finalement peu d’intérêts

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