TEST – Vampyr – Un Action-RPG qui apporte un peu de sang neuf ?



Le moins que l’on puisse dire, c’est que les amateurs de jeux avec des vampires n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent ces dernières années. Alors lorsque DONTNOD annonce à l’E3 2016 être en train de travailler sur un titre Action-RPG répondant au nom de Vampyr, la hype était forcément au rendez-vous. Surtout que le studio a su marquer les esprits avec son très émouvant Life Is Strange, ainsi qu’avec l’imparfait Remember Me, pourtant truffé de bonnes intentions. Enfilez votre plus belle cape, aiguisez vos canines, nous plongeons dans les ténèbres de Londres…

Après une introduction qui a le mérite de mettre de suite dans le bain (de sang ?) nous prenons le contrôle de Jonathan Reid, ou plutôt de ce qu’il en reste. L’homme, médecin de métier, se réveille dans un charnier sans trop bien comprendre ce qui lui arrive. Outre une voix qui lui résonne dans le crâne, Jonathan ressent aussi une soif de sang inexplicable. Après avoir fait sa première victime, le malheureux est de suite repéré par la milice de Priwen qui le prends en chasse. Ainsi ce début d’aventure parvient à être plutôt captivant et entraine bon nombre d’interrogations. Que s’est-il vraiment passé ? Qui est votre créateur ? Pourquoi y a-t-il autant de morts et de créatures étranges dans les rues ? Comment vivre en tant que vampire et surtout comment parvenir à accepter ce nouveau statut ? Ces questions, notre héros tentera d’en trouver les réponses, que ce soit en rencontrant ses semblables, ou en enquêtant sur les divers problèmes des dizaines de PNJ humains qu’il trouvera sur sa route tout au long de l’aventure.

Qu’on se le dise tout de suite : Si vous n’aimez pas les dialogues à rallonge et que la perspective de voir défiler des centaines de lignes de texte devant vos yeux vous effraie, Vampyr n’est pas fait pour vous. En effet le titre se veut avant tout porté sur la narration et sur les décisions à prendre en cours de route. Comme la plupart du temps avec DONTNOD, la morale est en effet au cœur du jeu et un choix entraine irrémédiablement une conséquence. D’ailleurs le joueur est prévenu dès l’écran titre : « Assumez la responsabilité de vos actes ». Libre à vous également de refuser de vous nourrir de sang humain ou au contraire de laisser libre cours à vos pulsions bestiales ! Mais attention, chaque quartier possède une personne d’influence, une figure charismatique en quelque sorte, et la mort de ce personnage entrainera forcément la descente en enfer de ce quartier. Même résultat si vous tuez trop de monde dans un lieu. Ce système rappelle fortement celui de l’excellent Dishonored, qui voyait lui aussi, l’état de ses quartiers se modifier au gré de nos actions.

Mais alors me direz-vous, comment peut-on être médecin et vampire à la fois ? C’est bien là tout le dilemme du docteur Reid. Car le pauvre bougre a en effet la possibilité de concocter des remèdes, afin d’aider les habitants de Londres, en proie à la grippe espagnole et à d’autres maladies plus ou moins graves. Pour cela il faudra bien souvent trouver au préalable, des formules cachées ici et là dans tout Londres. Soigner des humains augmentera la qualité de leur sang, de même lorsque vous leur rendrez service. Dans quel but ? Hé bien pour vous nourrir tout simplement ! Car plus la qualité du sang d’un PNJ est meilleur, plus ce précieux fluide vous rapportera de l’expérience qui est indispensable pour faire évoluer vos capacités, agrandir votre barre de vie ou d’endurance. Et comme on parle bien de là de plusieurs milliers de points d’xp, la tentation de succomber à vos bas instincts est donc bien présente ! De temps en temps vous aurez également quelques enquêtes à faire, un peu à la manière d’un Sherlock Holmes de chez Frogwares.

Lors de vos trajets pour aller d’un quartier à un autre, vous tomberez régulièrement sur des membres de la secte des chasseurs de vampires, de même que sur des monstres attirés par votre sang. Rencontres qui entraineront donc des combats. Et n’ayons pas peur de le dire, ces derniers sont ratés en tous points, en plus d’être redondants et dépourvus du moindre degré de stratégie. Et pourtant DONTNOD a revu sa copie sur le sujet depuis les premières présentations du jeu ! La plupart du temps, contre les sbires les moins puissants, il suffira simplement de marteler le bouton d’attaque pour s’en débarrasser sans le moindre problème. En revanche les boss sont beaucoup plus difficiles à maitriser et rappellerons aux connaisseurs les joies d’un Dark Souls. Les patterns des boss sont en effet assez punitifs, laissant peu de répits aux joueurs. De plus, tout comme dans la saga de From Software, la barre d’endurance sert tout autant à attaquer qu’à esquiver. Enfin, les ennemis respawn régulièrement après chaque pause à un refuge. À noter que vous pouvez apercevoir vos ennemis (et des indices) de loin avec la vue spéciale de vampire.

Il faut savoir également que la plupart des adversaires auront souvent quelques niveaux d’avance sur vous, histoire de proposer un certain challenge du début à la fin. Ainsi, Vampyr demande parfois de bons réflexes, tout en forçant le joueur à user d’une stratégie qu’il ne peut pourtant jamais véritablement mettre en place. La faute à un verrouillage d’ennemis fastidieux, et des mécaniques de combats qui poussent au bête bourrinage de touches. Les techniques que l’on peut acquérir ne sont pas non plus particulièrement nombreuses et variées, ce qui accentue encore le sentiment de redondance, surtout lorsque l’on croise 5 ennemis clonés par rues toutes les 2 minutes. Et que dire de ces personnages qui « glissent » lorsqu’ils attaquent ?

Si Vampyr donne le choix de tuer ou non des citoyens, le jeu devient sacrément difficile si vous refusez de tomber du côté obscur de la force. La montée d’XP, même en faisant la plupart des quêtes secondaires, ne rapporte tout simplement pas assez de points, et ne parlons même pas de l’expérience donnée par les ennemis tués en chemin, totalement ridicule. Tuer un groupe de ces derniers, même plus haut level que vous, ne vous donnera parfois pas plus de 15 points d’expérience, quand il en faut plus de 1500 pour augmenter certaines catégories de votre arbre de compétence ! La tentation de faire le mal vient donc très rapidement, remettant totalement en question la possibilité même d’être un individu de bonne morale. Il est donc dommage de donner aux joueurs, la possibilité de choisir entre deux voies, quand une des deux offrent bien plus de récompenses que l’autre.

Afin d’augmenter votre niveau général et vos niveaux de pouvoirs, il sera indispensable de trouver des cachettes sur votre route, qui sont la plupart du temps des maisons abandonnées, si ce n’est en ruine. Reconnaissables à leurs portes rouges, ces refuges vous permettront de crafter vos armes et de les augmenter. Une étape rapidement indispensable, surtout si vous choisissez la voix la plus compliquée du jeu. Pour augmenter les niveaux de vos compétences il faudra débourser des points de sang (et donc d’XP) dans la catégorie choisie et ensuite dormir pour valider le tout. Vous vous retrouverez alors la nuit suivante, ce qui aura en général eu pour effet de modifier l’état d’un quartier ou encore l’état de santé de certains individus. Une très bonne idée qui rend le jeu diablement immersif.

Le loot est lui en revanche assez inégal et pauvre. Il n’y a en effet pas beaucoup de pièces d’équipements à récupérer, et encore ce sont souvent des variantes des pièces de bases, soit d’une autre couleur soit d’une autre forme. Un peu juste à ce niveau donc surtout quand on sait que Vampyr est vanté comme étant un RPG par ses créateurs. De même, on aurait apprécié pouvoir customiser un peu plus son personnage physiquement, notamment au niveau de la tenue vestimentaire, bien que celle que l’on gagne assez tôt dans le jeu, soit plutôt classe et colle assez bien à l’idée que l’on peut se faire d’un vampire.

Mais derrière ces points sombres, le titre de DONTNOD parvient à tirer son épingle du jeu sur bien d’autres critères. Si les graphismes ne sont pas à tomber par terre, la direction artistique est très réussie. L’ambiance, sombre à souhait, est sublimée par d’agréables jeux de lumières et une atmosphère très particulière, qui donnent à la ville de Londres un charme certain. La qualité d’écriture du titre est manifeste et se ressent tout au long de l’aventure, d’autant que le jeu se veut réaliste sur des événements arrivés à cette époque. S’il est dommage que venant d’un studio français, la langue de Molière ne soit pas proposé en audio, le doublage anglais est de très bonne facture, et l’intégralité des textes et des dialogues affichés à l’écran sont eux en français. D’un autre côté, l’absence de doublage français peut sembler logique, car après tout, nous sommes à Londres ! Enfin question bande-son, les compositions d’Olivier Derivière sont comme d’habitude excellentes, et mettent parfaitement dans l’ambiance ! La musique sait être présente quand il le faut, plus discrète quand la situation l’exige. Et que dire de ces violons, ensorcelants, qui accentuent encore un peu plus le drame qui se joue sous nos yeux ? La bande-son de l’année ? Peut-être bien.


Vampyr est un jeu paradoxal. Le nouveau-né de DONTNOD est à la fois ambitieux, à la fois décevant. Son ambiance lugubre et captivante, associée à une histoire prenante et une bande-son presque irréprochable, montre clairement le potentiel énorme du titre. En revanche, le côté RPG du jeu ne s’assume jamais vraiment assez, que ce soit dans ses quêtes trop mécaniques ou dans l’amélioration de l’équipement et du loot. Et que dire des combats, trop nombreux, brouillons, et pas esthétiques pour un sou. Ainsi, même si Vampyr apporte un peu de sang neuf, on ne peut que songer au hit qu’il aurait pu être, si seulement ces aspects avaient été davantage peaufinés.


Jeu testé sur Xbox One X par Ashen à partir d’un code review fourni par l’éditeur Focus Home Interactive

Vampyr

59.99€
7

Graphismes

7.0/10

Son

9.0/10

Gameplay

6.0/10

Durée de vie

7.0/10

Rapport qualité/prix

6.0/10

Interêt des succès

7.0/10

Pour

  • Un univers envoûtant
  • De très beaux effets de lumière
  • La bande-son proche de la perfection
  • Un doublage de qualité
  • La gestion des quartiers
  • Une histoire intéressante avec des passages marquants
  • Des textes sur l’époque intéressants à lire
  • Quelques intrigues secondaires sympathiques
  • Pouvoir choisir entre le bien et le mal…

Contre

  • … même si le mal rapporte beaucoup plus ???
  • Des combats redondants et mal pensés
  • Le verrouillage des ennemis à revoir totalement
  • Manque de variétés dans le bestiaire
  • Une technique un peu datée
  • Le système de loot pas très convaincant
  • L’animation faciale des personnages quasi absente
  • Des quêtes et certains dialogues trop mécaniques
  • Quelques temps de chargement un peu long (après une mort par exemple)
   

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