TEST – Lies of P – Le Souls-like avec Pinocchio qui envoie du bois !

Qui ne connait pas Pinocchio, cette marionnette de bois vivante sorti tout droit de l’imaginaire de l’écrivain Italien Carlo Collodi ? Popularisé notamment grâce à Disney en 1940 dans un dessin animé culte et plus récemment en 2022 avec un film de Guillermo Del Toro, le personnage a eu très peu d’adaptation en jeu vidéo en dehors de quelques titres comme Pinocchio sur Mega Drive en 1995. Un oubli que les Coréens de chez Neowiz ont voulu réparer avec le jeu dont nous allons parler aujourd’hui. Mais attention car Lies of P n’a pas grand-chose à voir avec le conte d’origine ! Nous sommes ici en effet en présence d’un Souls/Bloodborne-like avec une ambiance particulièrement sombre. Parvient-il à sortir du lot ? La réponse dans ce test !

Réveillé par une mystérieuse Sophia via un papillon magique, notre héros P se réveille d’un long sommeil dans un wagon de train. La voix de Sophia qui résonne dans sa tête lui explique qu’il doit prendre les armes et se rendre à l’hôtel Krat où elle lui en apprendra davantage sur la situation. Après avoir ramassé Gemini dans sa lanterne, P va se retrouver face à un dilemme classique dans le monde du jeu vidéo : choisir sa voie. Équilibré, dextérité ou force, soit concrètement une arme qui attaque rapidement mais faisant peu de dégâts, une arme très puissante mais lente ou un entre deux qui est souvent un bon compromis pour les débutants. Quoi qu’il en soit une fois sorti du train on affronte nos premiers ennemis, des sortes de pantins désarticulés ou encore des chiens en métal qui semblent vous désirer pour le prochain repas ! Si vous êtes habitué aux Souls-like, vous serez en terrain connu sur plusieurs points. Ainsi on esquive en dashant ou en roulant, le héros peut backstab les ennemis, on reprend des potions de soins sur la simple pression d’une touche, on tente de parer les coups du mieux qu’on peut, et on essaye d’atteindre le prochain point de sauvegarde/téléportation. Et bien entendu comme dans tout bon Souls-like, nos fioles de soins se rechargent (comme notre barre de vie) lorsqu’on touche un point de sauvegarde, et les ennemis reviennent à la vie. Et si vous mourrez, vos « âmes » (l’argent du jeu) sont récupérables à l’endroit de votre mort. Petite variante par rapport aux jeux de chez From Software, mourir de nouveau ne vous fera pas perdre entièrement vos gains, mais la somme diminuera à chaque mort.

Autant vous prévenir tout de suite, Lies of P est un jeu difficile, même pour les habitués de ce style de jeu. La faute essentiellement à l’esquive qui est bien moins efficace que dans un Dark Souls ou un Bloodborne par exemple. On privilégiera donc les parades, bien plus efficaces, car pouvant même contrer des attaques de boss assez puissantes. Attention cependant car vous perdrez un peu de vie tout de même et certains ennemis sont capables de passer outre vos esquives et la simple parade. Il faudra alors parer ces derniers parfaitement (donc au moment de l’attaque) pour ne pas subir de dégâts. Cependant les parades sont assez millimétriques, et on a souvent tendance à parer soit trop tôt soit trop tard. Le temps que l’on a pour parer est de plus assez court pour ne rien arranger.

Les mécaniques du jeu sont aussi un peu plus complexes y compris au niveau des armes. Pour faire simple ces armes sont constituées de deux parties : la lame et la poignée. La lame détermine la puissance de vos attaques mais aussi la vitesse à laquelle se recharge vos fioles de soin. Chaque lame dispose également d’une réserve de fable (la mana du jeu) et d’une compétence unique appelée « Arts de fable » qui est en gros un enchainement de coups. Les poignées possèdent aussi des Arts de Fable, souvent orientées sur la défense. On retrouve enfin avec ces poignées un système bien connu des Souls-Like à savoir un système de scaling (D, C, B, A, S) sur vos attributs comme la mobilité ou la technique. En sachant que plus la note se rapproche de S mieux c’est. Bien entendu ces armes sont améliorables et on peut même altérer la poignée et ainsi choisir son affinité façon Elden Ring. Par la suite il sera même possible de façonner sa propre arme en mélangeant lames et poignées ce qui s’avérera fort utile. Si cela parait assez complexe sur le papier, il faut bien avoir en tête que comprendre et maitriser ces mécaniques sont les clés de la réussite dans Lies of P. D’ailleurs on vous conseille aussi de ne pas sous-estimer les différentes prothèses mécaniques (coucou Sekiro !) que l’on peut équiper tout au long du jeu. Avec leurs pouvoirs d’électricité ou encore de feu, ces dernières peuvent faire la différence sur des ennemis sensibles à ces éléments.

Avec son ambiance assez sombre faisant penser à celle de Bloodborne, et certains ennemis qui rappellent un peu ceux de Steelrising (les pantins), Lies of P est un jeu avec une ambiance glauque et particulière qui ne plaira sans doute pas à tout le monde. Le personnage évolue dans un monde qui semble avoir perdu tout espoir, avec des thématiques et des dialogues sérieux et adultes. Les lieux que l’on traverse sont d’ailleurs souvent plongés dans les ténèbres. Ce qui n’empêche pas le jeu d’avoir beaucoup de charme. En effet, les graphismes n’ont pas à rougir face à de plus grosses productions, et il n’est pas rare de tomber sur de jolis panoramas.

La direction artistique est de toute beauté, avec une identité visuelle forte rappelant le style Belle Époque. On retrouve dans ces rues si particulières, des dédales de couloirs et de nombreux raccourcis vous permettant de gagner du temps et d’éviter des ennemis comme dans tout bon Souls-like qui se respecte. L’occasion de noter que nous avons le droit ici à un level design de qualité. Sans atteindre les compositions de Yuka Kitamura (Elden Ring, Bloodborne…) nos oreilles ne sont pas non plus oubliées, avec de superbes compositions du Studio LAY-BACK. Mentions spéciales aux musiques de boss, souvent avec des chœurs, qui rendent les affrontements particulièrement prenants et ces chansons avec des paroles… en français s’il vous plait !

Avec une durée de vie dépassant aisément la vingtaine d’heures, Lies of P vous occupera un moment avant d’espérer apercevoir les crédits. Et comme souvent dans ce style de jeu, vous pouvez enchainer les NG+ derrière. Bien entendu cette durée de vie variera grandement d’un joueur à l’autre, selon le skill et la détermination de chacun. La plus grande difficulté viendra essentiellement des boss de fin de chapitres souvent redoutables car capable de vous tuer en quelques coups seulement ou via des enchainements parfois difficiles à éviter ou à parer. On peut compter sur un spectre contrôlé par l’ordinateur pour avoir un peu d’aide, mais attention car pour appeler ces compagnons il vous faudra trouver des fragments de météorites. Et le problème c’est qu’il est parfois difficile de s’en sortir seul (et c’est un habitué des Souls-Like qui vous dit cela !). Car entre l’esquive un peu molle, la lenteur de notre personnage à se relever après un gros coup et ces boss disposant souvent d’un panel d’attaques vastes et rapides qui ne nous laissent pas approcher, le joueur à de quoi rager tout au long de l’aventure ! De plus s’il est parfois possible de faire une grosse attaque sur ces boss lorsque leur barre de vie clignote en gris/blanc, le temps pour réaliser ce coup est très court, d’autant qu’il faut charger cette attaque alors que l’ennemi ne nous lâche pas d’une semelle ! Autant vous dire qu’il vous faudra donc de nombreux essais pour vaincre la plupart des boss.

Un mot enfin sur la narration du jeu, particulièrement travaillée (même si elle met du temps à décoller) et parfois même assez originale notamment avec le système de mensonge. Car oui tout comme dans le conte, le héros peut mentir pour accéder à certains lieux ou se faire passer pour quelqu’un d’autre. En route il croisera bon nombre de personnages, amis ou ennemis, avec qui il pourra faire du troc ou qui lui confieront des quêtes à réaliser. Il est cependant dommage que cette mécanique ne soit pas plus poussée que cela, car il y a finalement peu de conséquences derrière. On apprécie aussi l’idée de la cabine téléphonique, avec cet interlocuteur mystérieux qui vous gratifiera de clés (donnant accès à des zones bonus) si vous répondez correctement à ses questions. L’intrigue est ainsi un peu plus développée que certains jeux du genre, et il y a aussi beaucoup de lore à trouver tout au long du jeu.

S’inspirant fortement de jeux comme Dark Souls 3, Bloodborne ou encore Sekiro, Lies of P est un Souls-like solide avec une jolie direction artistique et une ambiance sombre teintée d’horreur qui ne laisse pas indifférent. Fort d’une narration réussie, de mécaniques originales (comme la création d’armes) et d’une excellente bande-son, le jeu de Neowiz à de nombreux atouts dans sa manche. Si les combats sont globalement réussis et prenants, on regrette que l’esquive soit un peu trop mollassonne pour être efficace, et que les parades soient parfois très difficiles à effectuer car quasi millimétriques, surtout face aux boss extrêmement forts. Malgré ses fortes inspirations, Lies of P parvient à apporter sa propre lecture du genre, que ce soit par son univers qui reprend le thème de Pinocchio à sa sauce, ou encore à l’instar de ces potions qui se remplissent lorsque l’on tape les adversaires. Une expérience imparfaite donc, mais qui vaut tout de même largement le coup d’œil pour les amateurs du genre.

Test réalisé sur XBOX Series X à partir d’un review code fourni par l’éditeur Neowiz (ICO Partners)

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