TEST – Spiral – Un jeu narratif dont on se souviendra ?



TEST Spiral XWFR

N’en déplaise à certains qui tentent de le diaboliser, le jeu vidéo ce n’est pas que de la violence. Bon nombre de jeux invitent en effet le joueur à la détente, à la réflexion ou encore à la contemplation. Et parfois, il y a aussi des productions très adultes dont le but est d’interpeller ou de sensibiliser les joueurs sur un sujet grave. C’est le cas ici avec Spiral, jeu narratif développé et publié par Folklore Games, qui aborde le sujet de la dégénérescence cognitive. Le but du jeu ? Diriger un vieil homme dont l’esprit s’étiole, revivant ses moments de vie les plus chers. Aussi intéressant à jouer que l’est son sujet ?

 

Bernard Penfield est un homme plein de talents et de qualités. Écrivain, artiste dans l’âme, amateur de jeu de rôle et aussi de chiens, le vieil homme a eu une vie bien remplie d’agréables souvenirs. Le problème c’est qu’il est atteint de dégénérescence cognitive et qu’il a la mémoire qui flanche comme disait Jeanne Moreau dans sa célèbre chanson en 1963. À ses côtés, le joueur va donc revivre ses souvenirs les plus marquants dans une aventure narrative à la troisième personne (donc en vue extérieure où l’on voit entièrement son personnage). De son enfance en passant par l’adolescence, des difficultés de devenir adulte à la sagesse qui vient avec l’âge, Bernard va retraverser différentes grandes périodes de sa vie alors que la maladie altère de plus en plus ses souvenirs et sa perception des choses à mesure que l’on avance dans le jeu. Une progression symbolisée par un grand escalier que l’homme descend, revivant au long des marches des souvenirs de sa vie à travers des portes que l’on franchit.

 

 

Si tout cela est assez joli sur le papier, ce n’est hélas pas toujours aussi intéressant manette en main. La progression consiste en fait en une succession de mini jeux plus ou moins réussis, comme des moments de pêche avec le père, des constructions de chaises (pourquoi pas après tout !), de l’arrosage de plantes, ou encore des sessions de cerf-volant et des parties de jeu de rôle avec vos ami(e)s. À cela s’ajoute aussi des moments où le joueur doit éviter de se faire repérer, ou encore suivre les traces d’un chien. Si certains de ces mini jeux sont vraiment très bien pensés et intéressants à jouer (le jeu de rôle notamment) il faut bien avouer que l’on s’ennuie parfois un peu durant d’autres. D’autant que si la maniabilité est globalement bonne et simple (consistant à appuyer sur un ou deux boutons) d’autres jeux ne sont pas toujours aussi simples ou maniables, comme la pêche où il faut tourner le joystick tout en maintenant une position.

 

 

Le côté narratif est lui davantage réussi, même si, on vous prévient d’avance, il faut aimer lire car il y a presque tout le temps du texte à l’écran et souvent de gros paragraphes. Normal pour un jeu narratif ? Assurément. Le problème c’est qu’il y a parfois des textes qui se chevauchent, en plus de s’afficher lors de jeux où le joueur n’a pas vraiment le temps de lire. Heureusement, nous pouvons compter sur un voice acting de qualité, avec des doubleurs investis dans leurs rôles. Bon, comme le studio est de Montréal, forcément les protagonistes ont un fort accent et il y a parfois quelques expressions ou tournures de phrases différentes de chez nous mais rien de bien gênant. En revanche on note quelques bruits de micro et de légères fluctuations dans le volume du son. Mais les problèmes les plus importants sont ailleurs. En effet dans quelques scènes (notamment celle où on doit se rendre sur les « iles » de nos ami(e)s) le jeu accuse d’importantes chutes de framerate au point où le jeu fige quasiment. Ajoutons à cela du clipping dans les décors parfois importants (comme une scène de pêche où l’eau « clignote ») et vous l’aurez compris, quelques soucis viennent un peu gâcher nos sessions de jeu.

 

 

Et c’est bien dommage car Spiral a un fort potentiel. Car plus le jeu avance et plus on se prend d’affection pour Bernard et ses proches. La maladie atteint de plus en plus le vieil homme et quelques moments sont vraiment très touchants. Les musiques qui accompagnent l’aventure sont de plus souvent fort jolies (même si elles bouclent assez vite), plongeant le joueur un peu plus encore dans ce récit touchant. Enfin, si le jeu n’est pas particulièrement beau, la direction artistique est en revanche plutôt réussie. Concernant la durée de vie, il vous faudra environ 5 heures de votre temps pour parvenir au générique de fin. Un peu plus si vous voulez terminer le jeu à 100% c’est-à-dire pour trouver les objets et petits secrets cachés ce qui est une durée de vie plus que raisonnable pour un petit jeu narratif du genre.

 


Pour résumer, Spiral est un jeu narratif qui a le mérite d’aborder un thème difficile et adulte, à savoir la dégénérescence cognitive. Souffrant de quelques problèmes techniques que l’on peut pardonner pour un petit studio dont c’est ici la première production, le jeu accuse hélas aussi un certain manque de rythme. Car si quelques petits jeux qui composent l’aventure sont vraiment agréables à jouer avec d’ailleurs un gameplay varié, d’autres sont moins intéressants et on finit par s’ennuyer un peu. De même, si on a le droit à quelques moments forts et touchants dans la narration, la partie dégénérescence est finalement un peu légère par rapport au reste de l’histoire (qui se concentre sur le passé de Bernard). Un jeu narratif sympathique sans plus donc et qui hélas risque d’être oublié avec le temps lui aussi.


Test réalisé sur XBOX Series X à partir d’un code review fourni par le développeur Folklore Games

Pour

  • Des personnages secondaires aussi intéressants que celui de Bernard
  • Une bande-son qui fait bien le travail
  • Des doubleurs investis dans leurs rôles
  • Quelques mini-jeux franchement agréable à jouer (le jeu de rôle, le cerf-volant…) …
  • Belle direction artistique et quelques décors assez réussis…

Contre

  • … mais d’autres vraiment moins intéressants voir ennuyeux
  • … mais certains pas très jolis et quelques textures parfois vilaines et ternes
  • Divers soucis techniques et de framerate
  • La dégénérescence cognitive finalement un peu survolée au profit du passé de Bernard

 

ACHETER SUR LE XBOX STORE

   

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.