TEST – The Gap – Un walking simulator qui restera dans les mémoires ?

Les jeux du genre Walking Simulator, il y en a un paquet et de tous les styles différents. Que ce soit orienté horreur, réflexion ou porté essentiellement sur la narration, ce type de productions propose parfois des jeux particulièrement qualitatifs à l’instar de What Remains of Edith Finch, Firewatch, ou encore Gone Home. Aujourd’hui ce sont les Slovènes Jan Gortnar et Sara Lukanc du studio Label This (aidé par les Polonais de chez Crunching Koalas) qui se prête à l’exercice avec The Gap. Voici notre test sur ce jeu qui aborde de véritables théories scientifiques liées à la mémoire.

À peine le jeu lancé que le joueur est déjà dans le bain. Le personnage que nous contrôlons, Joshua, semble ne pas savoir où il se trouve et avance dans un couloir sombre jusqu’à un mur plein de post-it. Nous comprenons rapidement que l’homme semble avoir perdu une partie de sa mémoire et que c’est en étudiant les différents éléments posés ici et là que nous l’aiderons à faire toute la lumière sur sa vie. Le terrain de jeu est l’appartement de l’homme, qui va devoir explorer les pièces à la recherche d’indices. En mettant la main sur des papiers, des photos et un tas d’autres objets, le joueur sera parfois comme téléporté dans les souvenirs de Joshua. Dans ces nouveaux lieux, où l’action se déroule parfois en dehors de l’appartement, le joueur va devoir reconstituer des scènes du passé à différentes époques de la vie du père de famille. Rapidement on s’aperçoit que le jeu n’est pas avare en indications, puisque l’intégralité des objets que l’on peut consulter sont en surbrillance jaune et le resteront tant qu’il y a encore une action à faire avec. De plus de nombreuses solutions sont disséminés dans des documents, comme par exemple le code pin d’un téléphone portable ou le code de verrouillage d’une tablette. Au joueur donc d’être attentif pour résoudre les mystères. Car un peu à la manière du film Memento (de Christopher Nolan), Joshua a laissé des indices un peu partout afin de reconstituer les évènements de sa vie, que ce soit son passé proche ou plus lointain.

À mesure qu’on en apprend davantage sur l’homme et notamment sa vie de famille, on constate que la qualité d’écriture est au rendez-vous, et que les sujets traités sont à la fois adultes et plein de sens. Le jeu aborde en effet divers sujets scientifiques, que ce soit le sentiment de Déjà-vu, la perte de mémoire, la dépression, et même les univers parallèles. Le tout avec des termes et des théories qui existent bien dans la vraie vie. Ainsi en plus de suivre une aventure particulièrement captivante, le joueur se cultive. La narration reposant sur des événements ayant eu lieu sur plusieurs décennies est de plus très bonne et rend l’expérience franchement prenante. Quelques énigmes viennent également ponctuer nos phases de recherche, mais ces dernières sont finalement assez anecdotiques en plus d’être assez vite expédiées. Et d’ailleurs l’aventure en elle-même se termine assez rapidement puisque vous pouvez en voir le bout en moins de 3 heures. Une durée de vie assez faible donc même si elle est un peu compensée par la présence de deux fins différentes à débloquer. Ceci dit, c’est une durée de vie assez classique pour ce type de jeu, certains se terminant d’ailleurs bien plus vite que cela ! Et comme le but du jeu consiste surtout à analyser et trouver des documents tout en se déplaçant d’une pièce à l’autre, The Gap est un jeu que l’on prend tout de suite en main avec très peu de touches à utiliser.

Un mot enfin sur les graphismes du jeu, qui sans être exceptionnels sont tout de même plutôt agréables à l’œil. Utilisant l’Unreal Engine 4, les différents objets et pièces de l’appartement sont très bien modélisés, et un certain charme se dégage de l’ensemble. Le jeu a de plus la bonne idée de modéliser des personnages de l’entourage de Joshua sous forme d’hologrammes, un procédé que l’on a déjà vu dans des jeux comme Tacoma par exemple. Un choix intelligent qui donne encore plus l’impression que le héros est perdu dans ses souvenirs, ne sachant plus à quoi ressemble ses proches. Si on apprécie l’originalité des dialogues qui apparaissent un peu comme dans un casque VR dans le décor, on déplore par contre un certain manque de lisibilité puisqu’il faut regarder à des endroits précis pour parvenir à tout lire. Par contre si le jeu est entièrement en anglais, les textes sont eux 100% en français et qui plus est sans coquilles et avec de très bonnes tournures de phrases. Ce qui est un énorme plus étant donné la complexité de certains sujets scientifiques abordés. Pas grand-chose à dire sur les musiques en revanche qui sont très discrètes et qui, si elles collent assez bien à l’ambiance générale du jeu et à certaines scènes, ne sont pas non plus mémorables.

The Gap est à n’en pas douter une nouvelle référence dans le genre des Walking Simulator. En effet l’histoire est prenante et bien écrite, avec des sujets matures et scientifiques particulièrement intéressants. Plutôt beau et doté d’une prise en main rapide, The Gap possède de plus un cheminement bien construit, et donne envie de faire toute la lumière sur la vie du protagoniste principal. Le joueur est ainsi autant acteur que spectateur tout au long du jeu. Cependant malgré les deux fins différentes, le jeu se termine un peu trop rapidement et il y avait peut-être matière à explorer davantage certains mécanismes, comme ces énigmes trop peu nombreuses. Mais si vous êtes adepte de ce type d’expérience, le jeu de Jan Gortnar et Sara Lukanc vous transportera dans une aventure captivante et pleine d’émotions.

Test réalisé sur XBOX Series X à partir d’un review code fourni par l’éditeur Crunching Koalas

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