TEST – Turok 2 : Seeds of Evil – Un remaster de qualité ?



Initialement sorti sur Nintendo 64 au mois de Décembre 1998, Turok 2 : Seeds Of Evil a en son temps, impressionné les foules. Ce fut notamment l’un des premiers jeux à utiliser le fameux Expansion Pack (qui augmentait la mémoire de la console) de la N64. Plus complet, plus beau et disposant d’un mode multijoueur en local, le bébé d’Iguana Entertainment avait tout pour plaire ! Alors quand arrive en ce mois de Mars 2018, un remaster du jeu, avec cette fois aux commandes Nightdive Studios (spécialisé dans la remastérisation de vieux jeux), autant dire que pour les nostalgiques de cette époque, l’engouement est palpable. Mais le studio parvient-il vraiment à rafraichir les aventures du chasseur de dinosaures ? C’est ce que nous allons voir.

Avant toute chose, si l’histoire de la saga n’est pas claire pour vous, faisons un point rapide sur la situation. Lorsque Tal’Set, héros de Turok : Dinosaur Hunter, parvient à détruire le Campaigner et à détruire le Chronospectre en le jetant dans un volcan, la destruction de cette arme produit un séisme qui éveille une entité encore plus maléfique : le Primagen. Le temps passe et la créature finit par attaquer. Un autre Turok est donc envoyé pour mettre fin à cette menace. Car oui Turok n’est qu’un titre, et le joueur n’incarne plus Tal’Set mais un certain Joshua Fireseed. À noter que ce héros est aussi celui des comics Turok dont les jeux sont inspirés. C’est une femme extraterrestre répondant au nom d’Adon, qui va confier cette périlleuse mission à notre héros. C’est d’ailleurs elle qui vous explique vos différents objectifs au début de chaque mission. Il est également possible de la rencontrer de temps à autre dans le jeu via des téléporteurs. Elle vous fournit vie et munitions si le besoin s’en fait sentir. Et ce n’est pas de trop pour affronter l’armée que s’est constituée le Primagen ! S’il est toujours question de récupérer des clés pour déverrouiller l’entrée des niveaux suivants, il vous faut également récupérer des plumes, vous donnant accès à des talismans spéciaux. À la fin du jeu vous serez donc capable de nager dans des eaux empoisonnées ou encore de marcher sur la lave ! Mais ces pouvoirs ne sont activables que lorsque vous marcherez sur des plaques avec le logo correspondant, la plupart du temps pour accéder à des zones secrètes. N’espérez donc pas survoler le jeu avec ces techniques ! À la fin de chaque monde, vous devrez défendre un totem sacré, totems qui joueront un rôle essentiel à la fin du jeu. Parfois, un boss redoutable viendra également vous barrer la route.

Sorti seulement un an après Dinosaur Hunter, Turok 2 : Seeds Of Evil, semble pourtant avoir moins subi les affres du temps. Evidemment, le travail effectué par Nightdive Studios y est pour quelque chose. Mais tout de même, de manière générale, l’architecture globale du titre, ne serait-ce que dans ses différents mécanismes, peut sans problème rivaliser avec certains titres que l’on a pu voir sur Xbox 360. Comme dans le premier opus, les six niveaux du jeu sont assez ouverts, et il ne sera pas rare de se perdre malgré la présence d’une carte. De plus de légers changements sont introduits dans le level design des maps ce qui n’est pas pour nous déplaire. La vitesse de déplacement et la maniabilité du personnage ont également été revues. L’amérindien répond donc au doigt et à l’œil et c’est un vrai plaisir de le contrôler tout au long de l’aventure. Si l’ensemble est bien plus fluide qu’auparavant, il arrive en revanche que le jeu ralentisse méchamment, la plupart du temps après avoir utilisé certains téléporteurs. Concernant le travail sur l’éclairage, il est remarquable pour ceux qui ont connu le jeu de base, de même que les reflets sur l’eau qui sont du plus bel effet. Les personnages sont également lissés et font donc moins cubiques que dans le passé. Signalons enfin la quasi disparition du fameux brouillard envahissant de l’époque. En plus de ce lifting HD, Nightdive Studios nous propose le choix entre l’audio de la N64 ou celle de la version PC. Sympa. Mais là où le studio tape vraiment fort, c’est bien dans les ajouts in game et dans son menu d’options très bien fourni ! Le jeu comporte beaucoup (mais alors vraiment beaucoup) de leviers et autres interrupteurs à activer. Et bien si dans la version N64 il n’était pas rare d’errer durant des heures pour trouver un mécanisme caché dans le décor, la version remaster donne elle, la possibilité d’afficher de loin la présence de ces commandes via un point d’exclamation. Cette fonctionnalité, que l’on peut enlever à tout moment, est un vrai plus, qui éviter bien des allers-retours inutiles !

Mais la nouveauté la plus appréciable, est sans conteste la possibilité de sauvegarder et de charger sa partie quand on le souhaite ! Fini les autels de sauvegarde à trouver comme dans Turok : Dinosaur Hunter. Ici une simple pression sur le bouton start vous donnera la possibilité d’accéder au menu des sauvegardes. Un ajout que l’on aurait bien volontiers accueilli dans le remaster du premier jeu et qui rend le titre plus proche des standards actuels. D’autant que dans ce Turok 2, les niveaux sont longs, très longs, et que tout le monde n’a pas forcément plusieurs heures d’affilées à consacrer à trouver tous les secrets dont regorgent chaque niveaux. Chaque monde est accessible via une porte à la lumière bleutée qui rappellera beaucoup aux fans de science-fiction celle de l’univers de Stargate ! Le hub principal, situé dans l’espace, est d’ailleurs de toute beauté, et cette version 2018 le sublime encore un peu plus. Derrière chaque portail se trouve un monde totalement différent. Vous traverserez ainsi un port infesté de dinosaures, une ruche alien avec des insectes intelligents et redoutables, l’antre des aveugles et ses cavernes labyrinthiques, et même le vaisseau du Prigamen en personne. Tout un programme ! L’originalité des niveaux surprend encore même aujourd’hui, tant chacun possède son identité propre. La cohérence du jeu s’en trouve renforcée, de même que le sentiment d’immersion. Exit les dinosaures du début à la fin comme dans le premier opus. Vous pensez savoir quelle arme fait le plus de dégâts à un type d’ennemis ? Et bien ne vous habituez pas trop vite car dans le niveau suivant, le bestiaire sera totalement différent !

Si l’IA des monstres a également été légèrement revue, il faut tout de même admettre que celle-ci reste en déca des standards actuels. Les ennemis se retrouvent souvent coincés dans des murs, ou se mettent à courir en rond n’importe comment sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. En revanche, comme dans Turok : Dinosaur Hunter, ces derniers sont capables de vous aligner à l’autre bout d’une salle sans problème. La difficulté est donc bien présente, car les monstres sont extrêmement nombreux par niveaux (parfois proche de plusieurs centaines !). De plus ils sont pour la plupart très bien armés. Heureusement c’est aussi votre cas. Si vous commencez avec un simple arc en début de partie, vous ramasserez en cours de route un pistolet, un magnum, un fusil à pompe, une déchiqueteuse,  et même… une arme atomique ! Pour cela il faudra ramasser toutes les pièces de l’engin qui sont cachées et défendues par les redoutables mangeurs de chairs. Cette entité mystérieuse (qui est au centre de Turok 3) se faisant appeler Oblivion, va tenter tout au long du jeu de piéger Joshua Fireseed via de faux portails de téléportation qui mènent droit à leurs différentes bases. Parvenir à se défaire de ces pièges vous donnera l’occasion de collecter des morceaux de l’arme tant convoitée. Pour ceux qui ont parcouru le jeu sur Nintendo 64, rassurez-vous le célèbre Cerebral Bore (qui tire des mini perceuses à tête chercheuse venant se loger dans le cerveau de l’ennemi) est toujours de la partie ! Petite amélioration notable introduite dans ce remaster, les noms des armes sont affichés en français sur l’écran, de même d’ailleurs que l’ensemble des menus et les différents objectifs de misssions. En revanche les cinématiques restent elles, en anglais. Il est bien possible de changer la langue, mais seul l’allemand est proposé dans la liste !

Turok 2 : Seeds Of Evil, incluait à l’époque un mode multi en local. Ici le mode multi semble uniquement possible via le matchmaking en ligne. Alors certes, cela correspond aux FPS actuels, mais puisque ce remaster en lui-même s’adresse avant tout à des trentenaires ayant connu Turok sur la console de Nintendo et la bonne vieille époque des parties à plusieurs en écran splitté, on peut logiquement regretter le choix du tout en ligne. D’autant que malgré plusieurs heures de recherches, je ne suis jamais parvenu à trouver le moindre joueur. La présence d’un mode local aurait donc été plus logique, et aurait encore davantage joué la carte de la nostalgie. Vraiment dommage. Lorsqu’on joue à ce Turok 2 remastered, on se rend compte que le travail effectué est conséquent, et que la volonté de Nightdive Studios de remettre au goût du jour ces hits du passé est louable. Néanmoins, est-ce que cela poussera le fan de l’époque, ou un joueur habitué au FPS actuels, à dépenser 19,99 euros dans cette version ? Pas si sûr. Car pour ma part, faisant partie de la génération qui a pu mettre les mains sur la version Nintendo 64, je dois bien avouer avoir pris grand plaisir à refaire le jeu. Mais justement, en tant que joueur de la première heure, même si je reconnais que le travail d’amélioration est bien là, je ne peux m’empêcher d’être déçu qu’il ne soit pas ici question d’un véritable remake. Il est évident que les moyens à investir pour un tel projet ne sont pas les mêmes, mais il est aussi pertinent de dire que le prix demandé pour ce « simple » remaster est trop élevé.


Si la nostalgie ne peut que s’emparer du joueur ayant déjà succombé dans le passé aux arguments plus que solides de Turok 2 : Seeds Of Evil, celui-ci pourra aussi logiquement déplorer qu’on ne soit pas ici face à un vrai remake. Si le travail de remastérisation semble encore plus conséquent que celui effectué sur le premier Turok, le jeu peinera tout de même à s’attirer les faveurs d’un nouveau public, sans doute habitué à des titres plus beaux graphiquement et plus modernes question gameplay. En résulte donc un résultat mitigé, que l’on accepterait volontiers, du moins si le prix du jeu n’était pas aussi excessif.


Test réalisé par Ashen à partir d’un review code fourni par le développeur Nightdive Studios

Turok 2 : Seeds of Evil

19,99€
7.2

Graphismes

7.0/10

Son

8.0/10

Gameplay

7.0/10

Durée de vie

7.0/10

Rapport qualité/prix

6.0/10

Interêt des succès

8.0/10

Pour

  • Les nouveaux effets de lumière et reflets sur l’eau
  • La quasi disparition du brouillard de l’époque
  • La possibilité de sauvegarder et de charger quand on le souhaite
  • Les mécanismes indiqués par un marqueur sur la carte
  • Le menu des options, bien fourni et intégralement en français
  • Des contrôles améliorés

Contre

  • Le prix
  • Toujours pas un vrai remake
  • L’IA accuse son âge malgré les ajustements
  • De gros ralentissements après certains téléporteurs
  • Pas de local en mode multi et des serveurs vides
   

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